Jouer sur une TV 3D, Nvidia 3DTV Play et AMD/Tridef 3D

Publié le 19/11/2010 par
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Conclusion
Premier enseignement de notre dossier, jouer en stéréoscopie est tout sauf universel. Si l’on utilise des critères stricts pour déterminer les jeux qui offrent une expérience 100% satisfaisante, seuls dix jeux sur vingt trois présentent une expérience parfaite, que ce soit avec l’option de Nvidia ou celle de Tridef.

Pour certains autres jeux, les bugs peuvent aller de minimes (un léger dédoublement de géométrie dans Bioshock 2) à dramatiques (les lumières de Mass Effect 2). Bien souvent, ces bugs sont partagés entre les solutions de Nvidia et de Tridef, ils viennent de techniques utilisées par les développeurs de jeux eux-mêmes – techniques tout à fait valables en 2D – qui sont incapables d’être traduites correctement en stéréoscopie.

D’autres jeux, par leurs choix de couleurs et de contrastes provoqueront un ghosting élevé, on pense par exemple à Bioshock 2 et Lost Planet 2. Le problème est lié, non pas aux couches logicielles, mais bel et bien au matériel. Déjà présent sur les écrans LCD 3D Vision, le ghosting ne disparait pas même avec un écran plasma, ou il reste visible sur un fond noir. A l’image de ce que l’on peut voir parfois au cinéma, un contenu 3D mérite d’être soit créé pour (on pense à Avatar), soit adapté pour donner le meilleur rendu. Appliquer simplement de la stéréoscopie sur tout et n’importe donnera des résultats variables.



On notera également que si l’on doit faire des concessions graphiques, c’est généralement uniquement dans les moteurs les plus anciens (Crysis Warhead et Far Cry 2). Depuis l’arrivée de 3D Vision en 2009, Nvidia a incité les développeurs à rendre leurs jeux compatibles 3D en évitant les effets de post-processing qui diffèreraient trop d’un œil à l’autre. Les jeux 3D Vision Ready sont en général une réussite en stéréoscopie, si l’on met à part les cas particuliers de Civilization V (peu jouable sur un téléviseur en 24 Hz) et de Lost Planet 2 (trop forts contrastes).

Notons enfin que si l’on pensait que Nvidia disposerait d’un avantage net, de part le fait qu’il développe lui-même ses pilotes graphiques et stéréo, et aussi par son programme d’assistance aux développeurs de jeux, les résultats sont plus serrés que l’on aurait pu le penser. Nvidia s’est retrouvé surtout pénalisé par le non support de certains jeux, pourtant majeurs comme les titres de Codemasters (F1 2010 et Dirt 2), supportés eux par le middleware de Tridef. Crysis Warhead fut aussi une surprise, un jeu pourtant estampillé du programme développeur Nvidia, et pourtant émaillé de bugs et de concessions graphiques obligatoires. Nvidia nous aura indiqué que des changements majeurs arriveraient dans la version 265 de ses pilotes, nous reviendrons dessus le cas échéant. Un avantage majeur de l’intégration de Nvidia reste la possibilité d’activer et désactiver l’effet stéréoscopique sans redémarrage du pilote, contrairement à la solution de Tridef ou cela provoque, au minimum une seconde d’écran noir, et parfois un plantage du jeu.

Si le défaut actuel de 3DTV Play se situe dans le manque de support sur certains titres précis, celui de Tridef est encore dans l’approximation. Là où la solution de Nvidia vous explique clairement quels jeux sont supportés, et quelles options choisir pour obtenir le meilleur rendu, Tridef Ignition vous laissera chercher par vous-même. De la même manière, un jeu comme Mass Effect 2, rendu injouable par les effets d’éclairages n’est pas distingué d’autres titres qui sont, eux, supportés beaucoup plus correctement. Le middleware de Tridef dispose souvent d’un support relativement bon dans certains jeux, peinant simplement sur un détail (lumières au loin de nuit dans Bad Company 2 ou fumée mal placée dans Resident Evil 5). Là encore, ces bugs peuvent être corrigés, la preuve, ils n’apparaissent pas dans la solution de Nvidia.

Deux critiques précises doivent être ajoutées sur les profils de Tridef. D’abord le choix de certains paramètres par défaut. Certains jeux démarreront en mode « Medium », c'est-à-dire avec un rendu en demi-résolution. Ce paramètre devrait pouvoir être fixé globalement en fonction de votre carte graphique, avec la possibilité de débrayer dans chaque jeu si l’on le souhaite. En tout cas il n’est pas bon qu’il soit un paramètre par défaut pour certains titres.



Vient ensuite la question de l’autofocus. Sur le papier l’idée de considérer l’emplacement des objets dans la scène pour guider notre regard vers eux n’est pas mauvaise, mais dans la pratique nous ne sommes pas convaincus. A défaut de nous guider, on aura au mieux l’impression d’avoir notre vision contrainte d’aller regarder vers un endroit précis, ce qui n’est vraiment pas agréable. Et dans certains cas les choix sont assez désastreux, à la fin du benchmark intégré de HAWX par exemple, lorsque des hélicoptères viennent vers nous alors qu’on survole une ville, on les voit reculer un court instant avant de continuer à avancer le temps que le focus s’adapte. Dans Fallout 3 ou Bioshock 2, à ciel non ouvert, l’algorithme arrive parfois à se confondre, on peut alors rester immobile dans certains endroits et voir le focus continuer à bouger. Le choix de forcer la technologie par défaut pour la mettre en avant entraine souvent des bugs dans les menus, c’était le cas de Resident Evil 5 et de F1 2010.

Reste que l’offre de Tridef ne manque pas d’avantages, à commencer par un mode virtuel dont les résultats sont relativement surprenants, reconstituant deux images à partir d’une seule et d’un Z-Buffer. Elle permet même de résoudre les problèmes de lumières en deux dimensions comme nous l’avons vu dans Mass Effect 2, mais la création des textures manquantes fait que l’on perd en précision. Y’aurait-il une solution à inventer, utilisant le double rendu stéréoscopique pour la scène principale et un rendu type virtuel pour les post-processing récalcitrants ?

On appréciera également la présence d’une version d’évaluation, complète pendant quinze jours. Notez que si la version HD3D (moins onéreuse) est réservée aux Radeon HD 5000 et 6000, la version complète (et donc la démo) est utilisable également sur GeForce si vous souhaitez tester la stéréoscopie sans investir. Il faudra, dans les réglages choisir « Others » en type d’écran puis « Direct3D 120 Hz ». La méthode est utilisable également pour des Radeon plus anciennes, la liste complète des cartes supportées se trouvant ici .

De manière pragmatique, on doit admettre qu’AMD n’aurait probablement pas dans un temps si restreint réussi à faire mieux que ce que propose Tridef. L’idée de lancer sa « technologie » HD3D en partenariat avec des sociétés tierces fait sens au final. On verra si la volonté – à terme - de laisser les développeurs réaliser à 100% leurs portages 3D sera un aussi bon choix à l’avenir, AMD nous ayant indiqué vouloir laisser carte blanche aux développeurs, sans pour autant leur fournir une API commune qui permettrait, au minimum, d’uniformiser les raccourcis clavier.

Au final, au-delà des détails d’implémentation et de compatibilité - ou Nvidia dispose d’un avantage net sur l’ergonomie - la stéréoscopie est avant tout une affaire de contenus. C’est aux développeurs de s’adapter, et de prendre en compte la stéréoscopie non seulement dans leurs moteurs, mais aussi d’un point de vue artistique. Le mouvement a déjà été engagé, il faudra voir si l’impulsion récente d’AMD et de son HD3D qui fait écho maintenant à celle bien implantée de Nvidia continuera de les convaincre de l’utilité de la stéréoscopie.
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